Pierre LOUŸS (1870-1925). Manuscrit autographe, Notes pour la Sévillane ; 40 ff....


Pierre LOUŸS (1870-1925). Manuscrit autographe, Notes pour la Sévillane ; 40 ff. in-4 et in-8 montés sur feuilles de vergé, reliés en un vol. in-4 maroquin janséniste rouge, cadre int. orné de filets dorés (Canape). Précieux ensemble de notes et de rédactions de premier jet, ayant servi à l’élaboration de La Femme et le Pantin. On sait que ce roman fut écrit avec une surprenante rapidité : vingt jours, selon l’écrivain lui-même ; mais cette rédaction avait été précédée de tout un travail documentaire, que nous pouvons suivre ici. C’est au cours de son second voyage à Séville (août-septembre 1896) que Louÿs commença à rédiger ce qui s’appelait alors La Mozita, avant de devenir La Sévillane, puis enfin La Femme et le Pantin. Les notes documentaires constituant la première partie de ce dossier furent probablement prises lors du séjour à Séville. On trouve ici des notes variées : indications de mœurs ou de coutumes (...« Type arabe des femmes / Pâtisseries, oranges, fruits confits »...), listes de vocabulaire (« Mots espagnols reçus en français », « Locutions espagnoles », « Mots français dérivés de l’espagnol »), recherche d’un titre, du « mot de la fin », noms des personnages, titres et découpage des chapitres avec nombre de pages, plans du roman (différents de celui qui sera retenu), chronologie de la rédaction (Séville 8 septembre 1896 - Le Caire 5 avril 1898), notes pour une révision, etc. Une curieuse page consiste en un brouillon d’article hostile : « Exécrable roman. Action froide. Style quelconque. Tel est le bilan de la Mozita. [...] Nous ne retrouvons pas ici les qualités qu’une partie de la presse avait voulu attribuer, avec une bienveillance coupable, au vieil auteur d’Aphrodite. On sait en effet que le pseudonyme de Pierre Louÿs cache un publiciste de bas étage, dont le visage contrefait et la démarche claudicante sont connus du boulevard depuis le Second Empire »... Une seconde partie rassemble 24 pages (partiellement remplies) d’une première rédaction, avec corrections et ratures, présentant de nombreuses variantes avec le texte définitif. On y trouve des fragments de scènes capitales du roman, en des versions successives : première rencontre avec Concha Perez, scène dans le wagon, visite de Don Mateo à la Manufacture de Tabacs : « Je ne répondais pas à toutes. Qui peut se flatter d’avoir le dernier mot avec une cigarrera ? Mais je les regardais une à une, et leur nudité se conciliant mal avec l’idée d’un travail pénible, je croyais voir toutes ces mains ardentes se fabriquer à la hâte d’innombrables petits phallus en feuilles de tabac. [...] Mais je les regardais presque toutes et je m’arrêtais parfois devant un admirable corps féminin comme vraiment il n’y en a qu’ici, un torse chaud, plein de chair, velouté comme un fruit, et suffisamment vêtu par la peau brillante d’une couleur uniforme et foncée où se détachent avec vigueur l’astrakhan noir des sous-bras et les stigmates larges des seins »... On remarquera une page de la main de Georges Louis, demi-frère de l’auteur, brèves notes d’appréciation sur le manuscrit que son frère lui avait soumis... Jean-Paul Goujon, « La genèse de La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs, d’après des documents inédits », Estudios de Lengua y Literatura Francesas, Univ. de Cadiz, n° 2, 1988, p. 71-84.


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